Mes appels par Jean Loignon

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Déc, 2019

Je ne peux que reconnaître à Dieu un sens à la fois du défi et de la stratégie pour m’appeler à son service.

Je suis né dans une famille de libres-penseurs qui considérait la foi religieuse comme une faiblesse archaïque, qu’il convenait de tolérer et même de respecter dans la mesure où elle faisait sien l’idéal des droits de l’homme. Appliqué aux années 60 – celles de mon enfance – ce principe valait au catholicisme une solide méfiance et un préjugé favorable au protestantisme. Pourquoi ? Parce que les protestants locaux soutenaient le Planning Familial (lieu de militantisme de mes parents), alors que le Pape avait condamné par encyclique le recours à la contraception. Fort de ce viatique assez sommaire, je croisais en
grandissant le protestantisme du « bon côté » des luttes sociales, notamment en faveur des immigrés ; mes études en histoire me firent mieux connaître cette minorité persécutée mais opiniâtre, favorable en France aux idéaux républicains.

Par décision ministérielle et aléatoire, mon premier poste d’enseignant fut à Noyon, patrie du Réformateur Calvin.

Musée Jean Calvin à Noyon

Et ma venue coïncida avec la réouverture et la rénovation du Musée Calvin, sous l’égide du couple de théologiens Georges et Dorothée Casalis. Lequel n’hésita pas à solliciter le proviseur du lycée pour obtenir  l’aide d’un jeune professeur disponible. Lequel répondit : cela m’intéresse – Noyon était très paisible – mais je ne suis ni protestant, ni croyant. Aucune importance, avait rétorqué Georges en me gratifiant d’une pile de livres pour me former. C’est ainsi que je me retrouvais guide et  animateur d’un Musée évoquant et défendant la  figure souvent contestée de Calvin. Aux yeux du  public accueilli, je passais pour un protestant, ce que je n’étais pas.

 » je passais pour un protestant, ce que je n’étais pas »

Mais je reconnais que ce  décalage m’a mis en mouvement intellectuellement et spirituellement. Dieu avait compris que ce biais culturel était une voie pour me rejoindre : je me souviens lors d’un culte commémoratif de la Révocation de l’Édit de
Nantes à la Mutualité en 1985 avoir demandé timidement à mon voisin anonyme si je pouvais prendre part à la Sainte Cène. A quoi croyais-je ?  Je ne sais pas trop mais j’ai aimé que nul préalable ne vienne contrecarrer ce premier élan.

 

 

Longtemps je me suis défini comme « un  compagnon de route » de l’Église Réformée, mais restant au seuil d’une foi reconnue. C’est dans les épreuves de ma vie personnelle, quand la maladie tourmenta et emporta ma première femme que je ressentis sans l’avoir aucunement demandée, non pas l’appel mais une présence. Une présence que je n’expliquais pas rationnellement mais qui m’aidait à affronter l’insoutenable. Je mis néanmoins longtemps à mettre des mots sur ce que je ressentais et à le traduire en actes et choix de vie. Dieu recourut à bien des messagers – y compris clamartois – pour me mener là il pensait que je pouvais être ; et petit à petit, toujours avec prudence, j’ai passé le seuil d’une Église toujours bienveillante. J’ai reconnu alors les petits cailloux qui avaient été semés dans mon chemin de vie et un matin
ensoleillé, après avoir préparé avec Ottilie – « mon pasteur » – un week-end de catéchumènes près de Nanteuil , j’osai demander le baptême. La suite, vous la connaissez. Un engagement qui, autant qu’une réponse à des appels multiples,
est un acte de reconnaissance pour ce que Dieu m’a donné dès le commencement.

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