En marche les artisans de la paix véritable
Frères et sœurs, « les béatitudes » est le premier discours public de Jésus, comme tout homme politique entrant en campagne, ceux qui se faisaient passer à l’époque pour « messie » ou prophètes devait faire leur programmatique.
Mais Jésus va tenir un discours curieux où il va parler de bonheur à ceux qui étaient pauvres et malheureux ; J’ai voulu prêcher aujourd’hui sur toutes ces béatitudes en ressortant ce bonheur curieux qui se décline au présent et au futur, le bonheur paradoxal que Jésus promet aux personnes qui passent par des moments difficiles.
Inspiré vendredi dernier par le message que nous a envoyé notre présidente nationale, je veux m’attarder sur la 7eme béatitude « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ».
En ces temps troublés par les attentats, les guerres, les reconfinements, le monde entier désire ardemment la paix, pas la paix donc veut promouvoir le prix nobel de la paix ni l’ONU, mais la paix véritable, la paix extérieure mais aussi la paix des cœurs.
Une paix active, et non passive.
Le Psaume 37 qui constitue la base des instructions de Jésus dans les béatitudes.
« Mais les débonnaires posséderont la terre, et jouiront d’une paix abondante […] Observe l’homme intègre, et considère l’homme droit ; car il y a un avenir pour l’homme de paix » (Psaume 37 : 11, 37).
Quelle est cette paix que nous sommes censés promouvoir ? Quelle différence y a-t-il avec la façon dont l’humanité recherche la paix ? Ce monde cherche souvent la paix de manière passive – c’est-à-dire une absence de conflit ou de guerre.
Cette vision des choses se retrouve dans la définition du mot « paix » mentionnée dans les dictionnaires. Voyez par exemple comment le Grand Robert de la langue française définit ce mot : Rapports entre personnes qui ne sont pas en conflit, en querelle.
Paix n’implique pas de relations positives entre personnes et désigne plutôt des rapports calmes qui peuvent, d’ailleurs, n’être que de pure forme. Absence de luttes, de troubles, de violences.
État d’une personne que rien ne vient troubler, déranger.
Calme intérieur d’une personne.
De la même manière, ce dictionnaire définit un « pacificateur » comme un individu qui « tend à rétablir la paix, à réduire les dissensions ». Cependant, nous savons que procurer la paix est un processus actif qui implique bien plus que cela.
Le mot hébreu shalom est traduit par « paix » dans l’Ancien Testament. (Dans le Nouveau Testament, le mot grec le plus souvent traduit par “paix”, eirene, prend une autre dimension lorsque nous comprenons bien le sens de shalom.)
La signification du mot shalom est très étendue, en parlant du bien-être au sens large – un sentiment d’achèvement.
Le mot shalom implique une action, pas un état de passivité, car la personne qui recherche la paix doit accomplir quelque chose !
Dans notre monde, pour obtenir la paix, les gens érigent des murs ou des barrières entre les belligérants – afin de les séparer – ce qui est un mauvais compromis car cela ne règle pas le problème. Par exemple, lorsque des parents envoient des frères et sœurs qui se disputent chacun dans leur chambre, cela procure du calme pour les parents, mais cela ne règle en rien la cause du problème.
Ces frères et sœurs se disputeront à nouveau dès qu’ils se retrouveront dans une situation similaire. De la même manière, nous essayons de résoudre nos conflits en érigeant des murs, ou en mettant de la distance.
Au contraire, le chemin de la paix selon Dieu est de détruire les murs entre les peuples et de les remplacer par des ponts, afin de bâtir des relations pour se rapprocher. En fin de compte, la paix est l’absence de méchanceté !
Faire la paix avec Dieu et les hommes
Voyez-vous, celui qui désire œuvrer pour la paix dans ce monde doit d’abord prendre les mesures nécessaires pour que son âme soit en paix.
La paix véritable commence d’abord à l’intérieur de soi-même. Comment peut-on promouvoir la paix quand notre vie intérieure reflète le contraire ? En termes spirituels, il s’agit d’être en paix avec Dieu. Vous devez vous réconcilier avec Dieu. Le passage en Romains 5.1 souligne justement ce point. Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ.
La réconciliation avec Dieu a lieu lorsque nous confessons votre état de corruption. Nous nous repentons de nos péchés et alors Dieu nous pardonne. Nous reconnaissons que nous ne vivions pas en paix avec Dieu à cause de l’impureté de notre cœur. Notre vie manquait de droiture. Alors nous demandons à Dieu de nous pardonner, de nous restaurer.
C’est ainsi que la justice commence à prendre place dans ma vie. Il n’y a qu’une seule façon de devenir un artisan de la paix tout en respectant l’enseignement biblique : il faut d’abord et avant tout changer complètement le fondement de notre vie.
Dieu doit transformer radicalement la personne charnelle que nous sommes en une créature spirituelle et dont le cœur aura été purifié.
Le terme biblique qui décrit cette métamorphose s’appelle la ‘régénération’. Si nous avons été régénérés, nous sommes alors en mesure de répandre la paix puisque nous avons déjà fait la paix avec Dieu. Nous avons été réconciliés avec Dieu.
L’adoption du croyant
‘Heureux êtes-vous si vous cherchez à faire la paix, car vous serez appelés fils de Dieu.’ Dieu vous reconnaîtra pour ses fils. Remarquez l’utilisation du futur dans cette phrase. Car ils seront appelés fils de Dieu. Jésus ne parle pas ici du présent mais plutôt de notre futur établissement comme fils de Dieu.
Cette observation est importante et elle doit nous faire réfléchir car elle semble contredire ce que Jésus va dire quelques versets plus loin.
En effet, le Seigneur parlera des disciples comme s’ils étaient déjà les fils de Dieu. En Matthieu 5.16, Jésus dit, Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos œuvres bonnes, et glorifient votre Père qui est dans les cieux.
Si Dieu est déjà votre Père, il faut conclure que vous êtes déjà ses fils. Vous êtes dès maintenant des fils de Dieu. Mais pourquoi parler d’une future association filiale par rapport au Père si nous sommes déjà ses fils ?
La Parole de Dieu enseigne deux niveaux d’adoption en tant que fils de Dieu. Il y a une adoption qui est un fait actuel dans la vie du fidèle et une autre qui arrivera dans le futur. Nous sommes actuellement des fils de Dieu et nous serons des fils de Dieu dans le futur.
Les chrétiens, ceux qui possèdent les prémices de l’Esprit, sont en attente d’être pleinement établis fils adoptifs de Dieu. À cet égard, nous pouvons dire que notre salut n’est pas encore complet.
Tous les croyants peuvent affirmer qu’ils ont été adoptés dans la grande famille de Dieu, mais la pleine réalisation de notre statut de fils ne s’est pas encore produite.
Oui, nous avons déjà reçu les prémices de l’Esprit. Dieu nous a donné l’Esprit d’adoption par lequel nous avons la possibilité d’aller devant l’Éternel en l’appelant, ‘Abba, Père !’ (Romains 8.15).
Si nous pouvons appeler Dieu, ‘Abba, Père’, cela signifie par implication que nous sommes ses enfants, ses fils adoptifs. Mais nous ne sommes pas encore pleinement ses fils. Nous sommes toujours dans l’expectative de notre adoption. Il manque encore quelque chose à notre salut pour qu’elle soit complète.
Il faut donc retenir qu’en Matthieu 5.9, lorsque Jésus donne la promesse d’être appelés fils de Dieu à ceux qui font la paix, il est question d’une adoption dans son sens le plus complet. Notre pleine adoption en tant que fils de Dieu attend ainsi la future venue de Christ.
Proclamer l’Évangile de paix
Cette Béatitude invite tous les disciples de Jésus à répandre la paix dans leur entourage. Une activité spirituelle de ce genre doit s’effectuer en proclamant le message de paix. Qu’est-ce que le message de paix ?
Le message de paix correspond au message du salut. Il n’y a pas de différence entre l’action d’annoncer la paix et celle d’apporter la bonne nouvelle du salut. Lisons Ésaïe 52.7 pour observer cette analogie.
Ésaïe 52.7. Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut, qui dit à Sion, Ton Dieu règne !
Le messager qui apporte une bonne nouvelle annonce le salut. Par la même occasion, il annonce aussi la paix.
Dans le Nouveau testament, en Éphésiens 6, Paul nous demande de nous préparer au combat spirituel en mettant le casque du salut, en s’armant de l’épée de l’Esprit, en revêtant la cuirasse de la justice. Puis il ajoute quelque chose d’intéressant au v. 15 « Mettez pour chaussures à vos pieds les bonnes dispositions que donne l’Évangile de paix. »
Remarquez à nouveau cette association entre la Bonne Nouvelle du salut et la paix qu’elle annonce. Par cette phrase, Paul désire nous faire comprendre que notre marche avec le Seigneur, notre conduite chrétienne, a pour but de promouvoir l’Évangile de paix.
L’artisan de paix devrait en faire une priorité. C’est alors qu’il pourra apporter une contribution durable à l’établissement de la paix dans notre monde.
En résumé, on peut définir l’artisan de paix comme étant un messager porteur d’un message de paix, qui cherche à réconcilier les hommes à Dieu et à réconcilier les hommes entre eux, sur la base de la justice « car la création toute entière attend avec un ardent désir la révélation des Fils de Dieu » (Romains 8,19).
Amen.
Amos, le 1er novembre 2020.