Vous avez dit étranger ?

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La fuite en Égypte, Rembrandt, 1627, Musée des Beaux-Arts de Tours

Crédit photo : Octave 444, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

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Jan, 2019

Peut-être avez-vous déjà lu ce texte que l’on trouve dans l’Evangile de Luc au chapitre 24, et qui raconte la rencontre de deux disciples, cheminant avec Jésus ressuscité sur la route d’Emmaüs. Cet homme leur est étranger, alors qu’ils ont vécu des moments très importants avec lui, avant sa mort. Ils cheminent avec lui sans le reconnaître. C’est ça un étranger.

C’est celui qu’on ne reconnaît pas, soit parce qu’il vient d’une autre nation, d’un autre pays, que celui auquel on appartient, soit parce qu’il ne fait pas partie d’un même groupe, d’un même milieu, d’un même organisme, d’une même institution. Le mot étranger vient de l’adjectif, étrange, qui signifie « qui frappe par son caractère singulier, insolite, surprenant, bizarre ».
L’étranger est autant le lointain que le tout-proche. Il suffit juste qu’il ait un comportement inhabituel. Et parfois, ce n’est pas la peine d’aller très loin. Toute personne est une étrangère, tant qu’on ne la connaît pas.

La Bible parle beaucoup des étrangers. Dans un des tous premiers livres de la Bible, l’Exode, qui raconte la libération du peuple d’Israël prisonnier en Egypte, il est formellement interdit d’exploiter l’étranger (Ex 22/20). Un peu plus loin, le livre du
Deutéronome (10/19) franchit un nouveau pas, déterminant, en précisant : « Non seulement tu respecteras l’étranger qui est chez toi, mais tu l’aimeras. » « Tu aimeras l’étranger comme toi-même, car tu as été étranger en terre d’Egypte », lisons-nous encore dans le livre du Lévitique (19/34). L’étranger devient ici le premier de tous les prochains. En parcourant tout le premier Testament, on s’aperçoit que l’étranger est la seule personne que Dieu engage à aimer comme soi-même.

L’étranger est quelqu’un qui est aimé de Dieu autant que je le suis. L’étranger est quelqu’un qui se déplace, qui voyage, de gré ou par nécessité, parce qu’il n’est plus en sécurité chez lui. Lui et moi sommes unis par la même humanité et les mêmes besoins vitaux. Etranger, nous le sommes, chaque fois que nous séjournons dans un pays qui n’est pas le nôtre.

Migrants en Hongrie août 2015 Crédit photo : Gémes Sándor/SzomSzed licence creative common 3.0

Dans le nouveau Testament, dans la lettre de Pierre, (1 Pi 2 / 11), l’être humain est défini comme un voyageur et un étranger sur la terre. Le monde est sa « maison », mais non son domicile. Il est toujours en déplacement, jamais fixé. Sans doute parce
que ceux qui ont écrit la Bible appartenaient à un peuple nomade, jamais fixés. Le Christ est, lui aussi, un voyageur et un étranger sur la terre. Il ne reste jamais en place. Il nous parle d’un Dieu qu’on croit connaître, mais qui vient à nous dans la
nouveauté de l’étranger qui nous étonne, qui nous questionne, qui nous surprend.
En tant que chrétiens, toutes confessions confondues, nous n’avons qu’une seule mission, face à l’étranger, c’est l’accueillir.

« En tant que chrétiens, toutes confessions confondues, nous n’avons qu’une seule mission, face à l’étranger, c’est l’accueillir. »

Parce que dans l’Evangile de Mattieu, au chapitre 25, verset 40, il est écrit : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Ni plus, ni moins.

Agnès Adeline-Schaeffer, pasteure

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