Le plus petit deviendra le plus grand
8 septembre 2019

Le plus petit deviendra le plus grand

Prédicateur:
Passage: Matthieu 13:31-32
Type De Service:

Chers Amis, Chers frères et sœurs en Christ, chers Diana et Joël,

Nous nous sommes rencontrés il y a quelques semaines, avant les grandes vacances, pour préparer le baptême de votre fils Noah. Cette rencontre est placée sous le signe de l’écartèlement. Je m’explique. Vous veniez de prendre contact avec la paroisse de Clamart et je vous ai annoncé que je partais de Clamart, pour une autre paroisse. Même si nous savions que ce ne serait pas facile, nous avons accepté de nous rencontrer et de préparer le baptême de Noah. Aujourd’hui, je voudrais saluer votre démarche persévérante et confiante. Et je voudrais vous redire, en toute simplicité, que vous êtes ici chez vous. Pour Noah, mais aussi pour vous, vous pouvez trouver ici une famille spirituelle, fondée sur l’amitié, la fraternité, le respect, la confiance et la liberté.

En préparant ce culte, nous avons essayé de choisir un texte de la Bible, qui puisse parler à chacun d’entre nous. Et c’est sur la parabole de la graine de moutarde, que s’est porté notre choix. C’est sûrement un des textes de la Bible le plus facile à comprendre et à recevoir.

Mais tout d’abord, c’est quoi une parabole ? Si nous prenons la définition de Wikipédia, on trouve ceci : c’est un récit symbolique, familier, sous lequel se cache un enseignement moral ou religieux, qui fut utilisé par le Christ, dans sa prédication ou son enseignement. Autrement dit, c’est un outil pédagogique qui est toujours d’actualité.

La parabole, c’est donc une histoire que raconte Jésus pour parler d’une situation de la vie courante  que l’on a du mal à comprendre. Non seulement  pour parler d’une situation, mais aussi d’une personne ou d’un événement. Je voudrais signaler qu’en faisant comme ça, Jésus n’invente rien. Il utilise un procédé  littéraire qui existait avant lui, dans le judaïsme, ou dans d’autres traditions religieuses environnantes. Jésus va donc utiliser ce procédé pour parler de Dieu à son entourage. Alors que l’on pourrait s’attendre à un discours  très sophistiqué, ou très académique,  sur Dieu, Jésus va employer le moyen de la parabole. Et souvent, la parabole surprend par sa simplicité apparente. Nous en avons un exemple avec celle de la graine de moutarde. Mais il y en a plein d’autres dans les quatre Evangiles.

Parfois les paraboles sont simples, comme celle d’aujourd’hui, et d’autres sont plus difficiles.  Ce qui est sûr, c’est qu’elles sont inattendues.  Et par conséquent, elles déconcertent.

Et c’est exactement le but recherché : déconcerter l’auditoire.  En fait, la parabole ne s’adresse pas à l’intellectuel, mais à la foi. Autrement dit : à la partie cachée de notre personne, à la partie croyante de notre être, à la partie secrète en nous, qui est en recherche.

On peut dire aussi que la parabole, c’est une comparaison.

Jésus parle du Royaume de Dieu, ou encore du Royaume des cieux et c’est quelque chose que nous avons du mal à imaginer ou à nous représenter. Jésus prend le temps d’évoquer le royaume de Dieu sans le nommer, sans le définir ou l’expliquer. Avec Jésus, le royaume de Dieu est suggéré sans être dévoilé.  Mais finalement, c’est donc une autre façon de le chercher.

En prenant le soin de parler en paraboles, Jésus fait attention à celles et ceux qui l’écoutent, car il ne veut ni les choquer ni les blesser, mais les ouvrir à quelque chose de nouveau.  Jésus parle de ce qui lui tient à cœur sans pour autant imposer ses idées. Il veut partager avec les autres ce qui le fait vivre, sans obliger son public à croire ce qu’il dit.    Il adapte son enseignement à son public qu’il ne prend pas en otage, il fait des comparaisons, qui permettent la représentation et l’imagination. Il prend des exemples que ses auditeurs peuvent comprendre, parce que ce sont souvent des situations concrètes, vécues tous les jours par les hommes et les femmes de son entourage.  Jésus a aussi le souci de faire sortir Dieu de tout ce que nous croyons savoir sur lui, de tous les malentendus qui pèsent sur lui…Jésus veut essayer aussi de nous faire saisir tout ce que nous n’avons pas compris à propos de Dieu.

A quoi allons-nous comparer le Royaume de Dieu ? Comment allons-nous le représenter ? Nous allons le comparer à une toute petite graine, semée dans la terre, qui devient la plus grande des plantes potagères. Une toute petite graine qui devient une plante qui dépasse toutes les autres. Non seulement elle est la plus grande, mais elle est aussi la plus robuste et la plus accueillante, car tous les oiseaux du ciel peuvent y faire leur nid.

C’est quoi Dieu ? C’est qui Dieu ? C’est une question que Noah ne manquera pas de vous poser, un jour ou l’autre… Et comment répondre à cette question : en prenant la parabole de Jésus : Dieu, c’est comme une petite graine, insignifiante, que l’on ne remarque même pas,  au départ, qui pousse sans faire de bruit, qui prend sa place, doucement, mais sûrement. Et qui, plus tard, devient un arbre magnifique et robuste.

Au fond on pourrait dire la même chose pour un être humain : C’est quoi un être humain ? Cela commence par une petite graine, insignifiante, que l’on ne remarque même pas, et qui se développe petit à petit, pour devenir une personne robuste et magnifique.  Et ça tout le monde peut le comprendre, puisque cela arrive à chacun et chacune de nous.

Et on peut prendre la même comparaison pour parler de la foi, de l’amour et de l’espérance. Mais aussi de la paix, de la lumière, de l’amitié, de la tendresse. Et encore de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité, toujours inscrites au fronton de nos mairies.

Alors, nous pouvons constater la délicatesse avec laquelle Jésus parle de la chose la plus importante pour lui : la présence de Dieu dans le monde, qui ne s’impose pas, mais qui se propose.

Et je voudrais particulièrement insister sur ça : avec Jésus-Christ, Dieu ne s’impose pas, mais il se propose. Dieu se cherche, Dieu se rencontre, il se devine, il s’effleure, il se rêve, il se choisit, il peut devenir une évidence, mais il ne s’impose pas. On peut croire en lui, on peut douter de lui, on peut ne jamais croire, mais il ne s’impose pas.

Si jamais vous rencontrez quelqu’un qui veut absolument vous imposer Dieu, alors, prenez les jambes à votre cou parce que ce sera le début d’un embrigadement.

Jusqu’à la fin de sa vie, Jésus n’obligera personne à croire. Et même après sa résurrection, il ne rencontrera que ses disciples, pour que, eux, deviennent des témoins de son message et de son amour sans frontière.

Et dans la parabole d’aujourd’hui, que nous avons choisie pour le baptême de Noah, au fond, il nous est annoncé ceci : Regardez ! Regardez bien ! Non…encore plus attentivement… Observez !  Contemplez ! Fixez vos yeux ! Scrutez l’horizon ! Considérez ce qui entoure ! Vous voyez ce pied de moutarde dans ce champ ? Vous avez vu comme il est grand, beaucoup plus grand que les plantes potagères que l’on connaît ! Et dans ses branches…vous avez remarqué ? Il y a plein d’oiseaux qui font leur nid. Et vous vous souvenez ? Au départ, il n’y avait presque rien…une petite graine de rien du tout, à peine visible…Pour suivre sa croissance, il ne faudrait pas la quitter des yeux, mais quand elle a été mélangée à la terre, on ne la voyait plus du tout. On n’y pensait même plus, et puis un jour… miracle… cette graine était devenue un arbre robuste, accueillant, épanoui.

C’est à celui qui entend cette histoire de faire le rapprochement entre la petitesse de la graine et la grandeur de l’arbre. Et dans ce cas, chacun commence à comprendre pour lui-même ce que veut dire Jésus en parlant du royaume de Dieu. Le royaume de Dieu commence d’une façon minuscule, puis il grandit petit à petit pour ressembler à une plante immense. Pas de violence, pas d’intimidation, pas de brutalité. Pas de souffrance non plus, normalement… Et aussi… pas d’engrais, pas de modification génétique, pas de vitamines, pas de croissance rapide ou forcée, pas de course effrénée, frénétique et démesurée aux résultats.

Alors, deux qualités vont être requises pour arriver à ce résultat : la patience et la confiance. Etre patient et avoir confiance. Et en ce sens-là, la parabole est difficile à comprendre. C’est un enseignement qui va séparer, non pas ceux qui sont doués intellectuellement de ceux qui ne le seraient pas, mais la parabole va séparer ceux qui font confiance, de ceux qui ne font pas confiance. Séparer les patients des impatients. Mais de quelle confiance s’agit-il ? Faire confiance à la graine qui devient un arbre, ça, ça va encore. Alors de quoi s’agit-il d’autre ? Eh bien, il va falloir faire confiance à celui qui raconte cette histoire, cette parabole. Autrement dit, il va falloir faire confiance à Jésus de Nazareth, avant qu’il ne devienne le Christ, le Messie inattendu. Juste avec ce qu’il aura dit, et ce qu’il aura fait, à la façon dont il aura vécu, à la façon, dont il sera mort, on pourra reconnaître en lui le Messie, le Fils, qui parle de Dieu sans mots compliqués, en nous racontant des histoires pour la plupart banales mais qui contiennent en elles une richesse bien plus infinie, que nos livres remplis de mots savants, et bien souvent pesants.   On pourra découvrir qu’avec Jésus, le royaume de Dieu c’est en réalité une personne, qui se laisse découvrir, rencontrer et aimer.

En écoutant cette parabole aujourd’hui, alors que nous célébrons le baptême de Noah, il y a sûrement une grande quantité d’images qui nous traversent.

Il y a déjà la surprise d’être ici, ensemble, dans un lieu inconnu, avec des personnes nouvelles que vous voyez pour la première fois.

Il y a l’émotion d’être réunis pour ce baptême, par lequel Noah a reçu un signe de l’amour de Dieu, alors qu’il n’en sait rien encore.

Il y a la concrétisation d’une démarche courageuse, au démarrage un peu timide, mais que vous faites dans la confiance réciproque, que vous avez bien exprimé dans vos témoignages.

Alors, à quoi faisons-nous confiance aujourd’hui ?

Avec le baptême de Noah, nous faisons confiance à la puissance de vie présente dans la graine de moutarde. Nous croyons que cette puissance de vie n’est pas abolie. Nous faisons confiance à la puissance de vie naturelle, présente en Noah, à sa vitalité, à sa vigueur, à son énergie et à son courage pour devenir un jour qui il est vraiment. Mais, cette puissance de vie, symbolisée par la graine de moutarde qui devient la plus grande des plantes potagères, représente l’amour de Dieu manifesté au monde, et à chacun et chacune de nous, dans le Christ, dont rien ne peut nous séparer. Cette puissance de vie se transmet de génération en génération, elle traverse les crises, les guerres, les luttes fratricides, les trahisons, les abandons, les renoncements, en s’enracinant dans la résistance, la patience et la persévérance.  Elle traverse aussi nos peurs, nos inhibitions, nos méfiances, nos indifférences. Et dans la foi, elle traverse enfin la mort qui n’aura pas le dernier mot qu’elle semble détenir aujourd’hui.

Nous faisons confiance à cette puissance de vie, à cette puissance d’amour pour Noah, alors qu’il est encore tout petit et qu’il n’en sait rien encore. Mais le plus important, dans cette histoire, c’est aussi de faire confiance à cette puissance de vie et d’amour pour nous-mêmes en laissant cette graine de moutarde qui a été semée en nous, s’épanouir d’abord en nous, pour que nous n’ayons pas peur ni de grandir, ni de nous fortifier. Autrement dit, que nous n’ayons pas peur de devenir qui nous sommes, transformés et transportés par cet amour sans conditions, que nous aurons enfin accueilli pour nous-mêmes.

Car nous aimons Dieu non pas pour qu’il nous aime mais parce qu’il nous aime le premier. C’est tout le sens de la grâce, que nous fêtons aujourd’hui, avec le baptême de votre fils, chers Diana et Joël, chers parrain et marraine. Rappelons-nous la promesse qui nous est faite en ce jour, à Noah, comme à nous tous : le plus petit deviendra le plus grand. Le plus insignifiant deviendra le plus important. C’est à nous maintenant de relire nos vies, là où nous en sommes aujourd’hui, et découvrir et même reconnaître les grains de moutarde qui ont été semés en nous et qui sont devenus aujourd’hui ou deviennent encore, petit à petit, des plantes potagères grandes, robustes, accueillantes, et qui permettent à d’autres de venir faire leur nid.

Gardons et cultivons l’espérance, l’amour et la fraternité, chevillés à nos corps comme à nos cœurs. Pour nous tous, pour le monde, et pour Noah.

Amen.

Agnès, le 8 septembre 2019

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